I. Contexte et justification
Le Niger, à l’instar des autres pays d’Afrique occidentale, subit de plein fouet les effets de la crise économique et sociale. Cette situation se trouve exacerbée par diverses contingences liées à la sécheresse et autres catastrophes naturelles, aux effets du changement climatique et aux situations de conflits interne et/ou dans les pays voisins, occasionnant un afflux de réfugiés et de migrants dans des localités fragilisées par l’insécurité alimentaire. Il en résulte une accentuation de la vulnérabilité et des problèmes sociaux vécus par les populations.
L’insécurité alimentaire affecte chaque année près de deux millions de personnes au Niger et près d’un enfant sur deux, âgé de moins de cinq ans souffre de malnutrition chronique. Le taux de malnutrition chronique varie en effet de 42% dans l’ensemble du pays à 45,2% en milieu rural et le taux de malnutrition aiguë atteint 14,8% dans l’ensemble et15,7% en milieu rural (SMART, 2012).
Au plan social, malgré l’évolution positive notée dans certains secteurs, les défis sont encore importants. Plus de la moitié de la population du Niger n’a pas accès à une source d’eau potable et plus de 90% de ses habitants ne disposent pas d’un système d’assainissement approprié (source : UNICEF). Le taux de mortalité des enfants âgés de moins de cinq ans a subi une baisse importante de 6% par an, passant de 198‰ en 2006 à 127‰ en 2012 (EDSN-MICS, 2012). Il faut toutefois noter que le faible taux d’accouchement assisté, estimé à 29% dans l’ensemble, 21% en milieu rural et 83% en milieu urbain (EDSN-MICS, 2012), continue à maintenir la mortalité maternelle et néonatale à des niveaux relativement élevés. Avec la mise en œuvre de l’initiative de gratuité des services de santé pour les femmes enceintes et les enfants âgés de moins de cinq ans, l’accessibilité et l’utilisation des services de santé se sont nettement améliorées même s’il reste des défis importants à relever surtout en milieu rural. L’accès à l’éducation s’est également amélioré avec un taux de scolarisation variant de 76,1% en 2011 à 79,1% en 2012 ; cependant le taux d’achèvement de l’enseignement primaire de 55,8% en 2012 reste relativement faible (annuaire statistiques de l’éducation, 2011/2012). Il importe également de noter que des disparités importantes subsistent en matière d’accès à l’instruction. Le taux brut de scolarisation varie de 108% en milieu urbain à 71% en milieu rural et de 88% pour les garçons à 71% pour les filles (annuaire statistiques de l’éducation, 2011/2012).
Pour répondre à ces nombreux défis, le Niger a inscrit dans la Constitution de 2010 le droit à la protection sociale, adopté en septembre 2011 une Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS). La PNPS du Niger envisage de réduire les vulnérabilités de la population et des groupes défavorisés en particulier, et de garantir l’amélioration de la couverture de la protection sociale à travers une bonne stratégie de ciblage des groupes vulnérables. La protection sociale est aussi adressée dans plusieurs politiques, programmes et plans de développement sectoriel ou multisectoriel dont entre autres :
- le programme de gratuité des soins ;
- l’Initiative 3 N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) ;
- la création de la Cellule Filets Sociaux par arrêté N° 95-081/PM du 16 Décembre 2010 ;
- le Programme Pilote : Projet Pilote des Filets Sociaux par le Cash Transfert sur 18 mois (2010 -2011) ;
- le Programme Filets Sociaux (2011-2017) ;
- le Projet d’Actions Communautaires pour la Résilience Climatique ;
- le Plan d’action pour la nutrition ;
- le Programme de Protection Sociale des Groupes Vulnérables ;
- la création d’un dispositif national de prévention et de gestion des catastrophes et crises alimentaires (DNPGCCA), qui assure la mise en œuvre de l’axe 3 du programme de l’initiative 3N, « Amélioration de la résilience des populations ».
La protection sociale est considérée comme un outil essentiel pour faire reculer la pauvreté dans les pays à faible revenu comme le Niger. Elle couvre plusieurs dimensions complémentaires les unes des autres comme, la défense des droits, le développement humain, la croissance économique, la démocratie et la sécurité. Elle constitue un maillon important des efforts visant la réduction de la vulnérabilité économique, sociale, alimentaire/nutritionnelle et la protection contre d’autres chocs et stress. L’expérience a, par ailleurs, montré qu’il est primordial de protéger les plus démunis en cas de crises (catastrophes naturelles, récession économique…), sans compter qu’il existe des études de plus en plus nombreuses sur les pays en voie de développement qui mettent en évidence la mesure dans laquelle la protection sociale aide à faire face à la pauvreté et à soutenir une croissance économique.
Au niveau continental, la protection sociale constitue l’une des priorités de la Politique sociale de l’Union africaine (UA) dont le but est le renforcement des aspects sociaux des programmes et politiques tels que les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté et le Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD). Ce cadre de l’UA encourage la mise en place d’un ‘‘paquet minimum de protection sociale essentielle’’ (soins de santé et autres allocations pour les enfants, les travailleurs dans les secteurs informels, et les personnes sans emploi, âgées ou en situation de handicap) comme point de départ pour la mise en place progressive d’une protection sociale plus large.
La ‘‘Déclaration de Khartoum’’, issue de la Conférence de l’Union Africaine des Ministres chargés du Développement Social en 2010, a réaffirmé l’engagement à l’accélération de l’implémentation des mesures de protection sociale pour le bien-être des ménages. La société civile est également engagée dans ce sens, surtout à travers la Plateforme Africaine de la Société Civile pour la Protection Sociale lancée en 2008.
Le Réseau Ouest Africain Dette et Développement (ROADD), composé du CAD/MALI, FNDP/CÔTED’IVOIRE, RNDD/NIGER, CADTM/SENEGAL, CERIDA/GUINEE, APROFES/BURKINAFASO, CRSC/MAURITANIE, CRSC/BENIN ET CADTM/TOGO, est une coordination des organisations de lutte pour la défense des droits humains de la sous-région. Cette lutte, qui se fait à travers des réflexions, de la sensibilisation, des interpellations et des propositions de solutions aux responsables nationaux et africains, se matérialise de plus en plus par une fédération de nos efforts sur la thématique de la protection sociale.
C’est justement dans le cadre de ses activités que le Niger a été désigné pour accueillir son assemblée générale statutaire en 2016 et l’organisation de la première université du ROADD avec comme thème central la santé et la protection sociale en Afrique de l’ouest.
II. Objectifs et Résultats attendus
[rouge]- 2.1 Objectif de la Rencontre[/rouge]
La rencontre avait pour objectif de permettre aux participants de maîtriser avec précision les contours de la problématique de la protection sociale en Afrique de l’Ouest et de proposer un plan d’action commun.
Les participant.e.s se sont penché.e.s entre autres à :
- analyser les pratiques formelles et non formelles en cours dans chaque pays en matière de santé et de la protection sociale ;
- analyser la structure de la population couverte ainsi que l’état de l’architecture institutionnelle ;
- analyser les besoins en matière de protection sociale au niveau régional ;
- dégager les opportunités ;
- proposer un schéma du processus de formulation de la politique de la stratégie ainsi que les mécanismes de mise en œuvre des recommandations.
[rouge]- 2.2 Résultats attendus[/rouge]
- Les pratiques formelles en matière santé et de protection sociale en cours dans nos pays sont analysées ;
- La structure (profil) de la population totale couverte par la protection sociale est connue ;
- L’analyse SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Treats) des différentes pratiques est réalisée ;
- Les principales pratiques sont décrites de manière précise (genèse, nature des branches de la protection sociale, description des groupes socioprofessionnels couverts, taux de pénétration, mode de fonctionnement, performances, existence de partenaires institutionnels et/ou d’appui, nature des partenariats) ;
- L’intégration des différentes pratiques dans l’environnement institutionnel est décrite (légalité, légitimité, représentativité).
III. Organisation et méthodologie de travail
La rencontre, placée sous le haut patronage du Ministre de la Santé publique, était conduite en deux grandes activités, à savoir l’Université du ROADD et l’Assemblée générale des membres.
L’Assemblée générale, l’instance du réseau, s’est réunie en marge des travaux pour l’adoption des textes fondamentaux et la mise en place de la structure dirigeante. Ainsi les délégués des différents pays représentés ont eu pour mandat de désigner les personnes chargées de la mise en œuvre du Plan d’action et des recommandations issus du forum.
L’université du ROADD était une occasion pour les participants d’examiner sous forme d’ateliers les questions de Santé et de Protection sociale en Afrique de l’Ouest. Avant le démarrage des travaux en groupe des présentations ont été faites sur la situation générale dans les différents pays ainsi que les préoccupations au plan mondial afin de mieux cerner la problématique de la Santé et de la Protection sociale en Afrique de l’Ouest.
Les thèmes qui étaient discutés sont :
- Santé et Protection sociale en Afrique de l’Ouest ;
- Dette et Protection sociale en Afrique de l’Ouest ;
- Perspectives de la lutte pour une protection sociale satisfaisante.
IV. Participants
Le Forum regroupait des participants nationaux et internationaux : les organisations membres du ROADD, les décideurs politiques, les représentant de l’OMS au Niger, les cadres techniques nationaux, les partenaires techniques et financiers, ONG intervenant dans le domaine de la santé et de la protection sociale, les experts en la matière. La liste plus complète des participants sera produite ultérieurement.
L’université s’est tenue du 26 au 27 février 2016 à Niamey, au Niger.